« Un meuble a besoin d’émaner du silence pour qu’on l’aime longtemps », dit Eric Schmitt qui se contente de montrer plutôt que de démontrer. L’homme déteste se dévoiler alors laissons ses objets le faire à sa place.
L’arche naïve d’un cabinet en marbre ou la silhouette apaisée d’une table Jarre qui semble être là « ad vitam aeternam » évoquent une enfance passée dans le Poitou des églises romanes.
Le fer battu expressif de l’autodidacte qui forge lui-même toutes ses premières pièces : sa période rock, barbare, et citadine rythmée par les coups de son marteau-pilon.
Les recherches sur l’équilibre et la perte apparente d’équilibre avec des tables et des consoles en bronze plié ou associés à des matières qui contrastent avec la rigidité du métal matérialisent l’abandon de l’ornement.
La courbe qu’il travaille sans relâche jusqu’à un vocabulaire de formes qui dessine la personnalité d’un utopiste éternellement insatisfait.
La forêt de Fontainebleau qui déborde dans son atelier et inspire des pièces plus libres : la nature symbolisée que l’on retrouve dans la série des souches d’arbre et des rochers en bronze.
Et puis toujours, le clair-obscur, la légèreté et la densité, les matières passéistes associées à celles d’aujourd’hui.
Tout ce qui est à la mode se démode disait Cocteau, et il est toujours un peu présomptueux d’employer le terme « d’intemporel » mais les objets d’Eric Schmitt ont intérêt à le mériter car ils sont pratiquement indestructibles… vestiges d’une civilisation encore à inventer.